lundi, décembre 23, 2024
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Virtus : « Homo homini lupus »

Voici donc Virtus : Le Sang des Gladiateurs, la nouvelle série signée Ki-oon, que nous vous avions déjà annoncé ici. Ce seinen tout en testostérone et en muscles est signée Gibbon (pour le scénario) et Hideo Shinanogawa (pour les dessins). Cette nouvelle série en cinq tomes a pour sujet eu thème original et un univers rarement exploité en manga : celui des gladiateurs. Un choix risqué de Ki-oon pour un manga qui en vaut vraiment la peine.

Synopsis : « An 185 de l’ère chrétienne. L’empereur Commode, cruel et sanguinaire, entraîne Rome à sa ruine. Peu pressé de gouverner, il préfère combattre dans l’arène. Pour Marcia, concubine du tyran, Rome a perdu ce qui faisait le fondement de sa grandeur : la “virtus”, la force d’âme, la droiture.

Désespérée, elle sollicite l’aide d’une sorcière, qui fait venir par magie à Rome des hommes capables de rappeler cette valeur fondamentale au tyran. Le sort choisit un groupe de prisonniers japonais de l’ère moderne.

Précipités sur les sables de l’arène, ils vont découvrir la cruauté du destin des gladiateurs : brutalité des entraînements, férocité des combats, brimades quotidiennes au ludus

Les intrigues politiques et la corruption de la capitale impériale parviendront-elles à briser l’esprit de ces hommes ? »


Entrez dans l’arène avec la bande-annonce de… par Ki-oon
 Si tu aimes les films de gladiateurs…

En toute honnêteté, je ne donnais vraiment pas cher de la peau de ce Virtus. Un seinen à la sauce péplum qui raconte l’histoire de prisonniers transportés comme par magie dans une arène de l’époque de gladiateurs…  Ça sentait le réchauffé à plein nez.

Et pourtant… Le duo Gibbon/Shinanogawa fonctionne à merveille : le premier tome de Virtus propose une entrée en matière plus qu’efficace, avec un scénario qui tient étonnamment bien la route, le tout appuyé par des dessins « plus-seinen-tu-meurs », qui rappelleront à certains le trait de Tetsuo Hara (Hokuto no Ken).

L’entrée en matière en question est une présentation claire, nette et précise de ce qui sera l’ambiance générale du manga et surtout, le grand méchant à abattre avant la fin les cinq tomes (série complète) que compte Virtus : le terrible empereur Commode (et non pas Raoh…), adulé par la haute société romaine à qui il fournit « le pain et les jeux » alors qu’au cœur la ville, la misère s’installe et les mendiants se multiplient. Mais le démoniaque Commode n’en a cure : il prend son pied en voyant des esclaves s’entre-tuer dans le Colisée et tant que le public aime ça, il se fait même un plaisir de descendre lui-même dans l’arène tâter du gladiateur et trancher des lions à coups d’épée…

En gros, un méchant bien méchant, à mille lieux du héros du manga, Takeru Narumiya, calme et placide judoka de deux mètres, authentique force tranquille dont on se doute forcément de la puissance à peine cachée par son imposante stature. Il est évidemment accompagné de son faire valoir, un adolescent chétif et malingre qu’il se jurera de protéger autant que possible. Une amitié qui sera mise à rude épreuve dans un monde où seule règne la loi du plus fort.

Vous vous en douterez, Virtus ne fait pas dans la dentelle et reste d’une violence très graphique, mais jamais gratuite (ou si peu…). Une violence qui tente de rester fidèle à ce qu’étaient les affrontements de gladiateur à l’époque, où les massacres étaient légion pour satisfaire un public de plus en plus demandeur de chair fraîche.

Mais il n’y a pas que cela dans Virtus et c’est sûrement ce qui fait sa force : la raison pour laquelle les prisonniers sont appelés par Marcia, c’est parce que la belle regrette le fameux virtus, la vertu, la force d’âme, la droiture bref ce qui faisait la grandeur de Rome auparavant. Une force d’âme qui trouve immédiatement son écho dans la culture japonaise, notamment dans le yamato-damashii, un précepte purement nippon qui implique à la fois le sacrifice individuel pour le bien de la nation, mais également un certain idéal, un esprit patriotique sur lequel se construisent l’art et la spiritualité japonaise.

Virtus se fait également le porte-parole du judo, une « technique de combat » inconnue pour les romains, ce qui reste l’occasion d’en expliquer les préceptes et les techniques, face à des styles de combats séculaires (notamment l’ancêtre de la boxe, dans le premier tome).

A ce titre, les combats ont une certaine tendance à prendre une tournure très shonen, avec des affrontements à rallonge, dans lesquels chaque technique et coup spécial est détaillé. Ce qui ne gêne en rien la lecture de Virtus, mais qui pourraient rebuter les novices qui recherchaient là une retranscription fidèle des combats de l’époque. Mais ce type de narration rajoute également une certaine tension, voire un suspense supplémentaire qui fait de Virtus un nouvel incontournable de chez Ki-oon.

A découvrir sans attendre !

Virtus : Le Sang des Gladiateurs
Ki-oon
224 pages
7,65 euros
Tome 1 et 2 disponibles

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