Yooka-Laylee fait partie des plus gros succès de Kickstarter. Playtonic Games, le studio de développement, demandait à l’époque 175 000£ pour mener à bien son projet. Il a finalement engrangé 2 090 104£, soit près de 12 fois la somme réclamée. On peut attribuer cette réussite à deux éléments. Tout d’abord l’équipe même qui compose Playtonic, puisque la plupart sont des anciens de Rare et ont autrefois travaillé sur Donkey Kong ou Banjo-Kazooie. Et puis il y a cette promesse implicite, celle de revoir briller les jeux de plateforme 3D.
Yooka est un caméléon vert, Laylee une chauve-souris violette. Ensemble, ils sont bien décidés à mettre un terme aux agissements d’une terrible abeille et de récupérer un précieux livre qu’on a osé leur dérober. Comme dans un Super Mario, on ne joue pas vraiment à Yooka-Laylee pour son scénario et tout n’est que prétexte à explorer les 5 mondes qui constituent cette aventure. Des univers qui reposent sur différents thèmes (les tropiques, les marais, le froid. . .) et qui permettent de rencontrer un large casting de personnages au design plus ou moins recherché. Aucun doublage n’est proposé —sans doute une question de budget— et il faut donc faire défiler un texte à chaque fois que quelqu’un s’exprime. L’interface globale rappelle alors naturellement les jeux de plateforme de la fin des années 90. On entend néanmoins toute une série de bruitage pour mimer le son des voix de chacun, et cela peut, à force, vite devenir agaçant car assez peu agréable à entendre, surtout lorsque les phrases s’enchaînent. On recense néanmoins pendant ces phases un humour plutôt mignon (voire lourd) et de nombreuses informations importantes à retenir; afin de passer d’un monde à un autre, il est en effet parfois nécessaire de répondre à un quizz. C’est plutôt bien vu et cela oblige à être attentif.
Tous les personnages non-jouables de Yooka-Laylee sont importants car ce sont eux qui permettent d’avancer dans l’aventure. Ils donnent ainsi toute une série de mini-missions. Tout au long du jeu, le titre de Playtonic conserve la même structures avec de petites énigmes, des phases chronométrées, des défis dans un chariot de mine, des mini-jeux rétro pas très inspirés, et des phases plus classiques où il faut simplement progresser en bondissant un peu partout. Yooka-Laylee est un vrai jeu de plateforme 3D qui cherche énormément à varier ses situations, même si en avançant dans le jeu, apparaît de plus en plus un côté déjà-vu. Avec l’aide de Laylee, Yooka peut glisser, rouler, voler. . . Le caméléon peut aussi ingurgiter des baies pour tirer différents projectiles, voire même de temps en temps modifier ses caractéristiques. En avalant du miel, il hérite ainsi d’une meilleure adhérence pendant quelques secondes. Notre duo peut également changer totalement de forme grâce à une scientifique et on recense des passages avec un changement de caméra, pour une vue isométrique par exemple.
Tout cela offre un joli programme auquel on est obligé d’ajouter le nombre incroyable de collectibles à récupérer. Toute la progression de Yooka-Laylee se fait en les dénichant un peu partout. Le principe est assez simple: on attrape des plumes qu’on échange ensuite auprès d’un serpent en pantalon afin d’acquérir de nouvelles compétences, ce qui permet de trouver d’autres plumes et un plus grand nombre de pagies. Ces dernières sont essentielles car elles débloquent les autres mondes mais aussi les agrandissent, ce qui peut, dans certains cas, doubler la taille d’un niveau. C’est une bonne idée car au début, cela rend les lieux plus facile à apprivoiser. Mais cela donne quand même l’impression que le jeu essaye de rallonger artificiellement sa durée de vie. Cela se ressent par exemple pour le monde 5 où, sans trop en dire, cela semble loin d’être justifié, tandis que pour d’autres niveaux, un aspect confus est encore plus présent. Il faut dire qu’il y a de nombreuses zones ‘isolées’ dans ces mondes, et elles sont séparées par de petits temps de chargement. Pour peu que l’on cesse de jouer à Yooka-Laylee pendant un petit moment, il est alors difficile de se repérer. Les développeurs se réjouissent de ne pas avoir de mini-map —et ils ont entièrement raison— mais on aurait vraiment aimé avoir droit à une grande carte dans le menu pour bénéficier d’une vue d’ensemble de la carte. Avec son ambiance sombre, le monde des Marais offre une très faible distance d’affichage, ce qui implique une difficulté à comprendre l’agencement du niveau. Au contraire, le premier monde, peut-être le plus réussi, offre un excellent level-design dans lequel on remarque facilement les lieux clés, tout en disposant d’endroits élevés pour avoir une parfaite vue sur le grand espace de jeu.
Ce problème de navigation est également présent dans le HUB central. Il n’existe pas de menu permettant de changer de monde à la volée dans Yooka-Laylee. Au lieu de cela, on se déplace dans un ensemble de zones, appelé la Ruche, séparé là encore par des temps de chargement assez courts. Passer d’un monde à un autre demande donc quelques petites minutes, et il est souvent indispensable de faire ces allers-retours car certaines pagies, dans les premiers mondes, sont uniquement accessibles grâce à des compétences acquises en milieu ou fin d’aventure. Le gros problème de Yooka-Laylee est cependant ailleurs. Il est même omniprésent: il faut sans-cesse se battre contre la caméra. Parfois trop proche, coincée dans le décor, trop rigide, affolée sans raison. . . La caméra de Yooka-Laylee réussit par moment à rendre l’expérience imprécise et pénible. Même certaines phases sur rails (les courses en chariot de mine) héritent quelques fois des mêmes problèmes. A de nombreuses reprises, on aurait préféré une caméra fixe, d’autant plus que la maniabilité de notre duo de héros demande un petit coup de main dans certaines phases. A cela, on peut aussi ajouter tout un aspect technique en retrait avec des micro-freeze de temps en temps, des textures pas très nettes, un côté flou dès qu’on regarde au loin. . . Ce test de Yooka-Laylee a néanmoins été fait avant la diffusion d’un patch qui devrait être disponible pour la sortie du jeu et qui promet de corriger des bugs en plus d’améliorer les performances du jeu.
Yooka-Laylee, c’est un jeu qui veut bien faire, qui multiplie les situations et les collectibles pour s’assurer d’une solide durée de vie —comptez environ 25 heures pour le 100%. C’est un jeu qui a beaucoup à offrir, mais pour cela, il faut accepter de souffrir et de subir une caméra qui nuit clairement à l’expérience de jeu en de trop nombreuses occasions. Yooka-Laylee joue la corde la nostalgie et s’appuie sur une partition classique mais néanmoins efficace, pour nous livrer une douce mélodie. Mais les fausses notes font partie intégrante de cette aventure. Ça reste une bon jeu qui, en terme de plateforme, fait largement le boulot, mais s’il avait bénéficier de plus grandes finitions à plusieurs niveaux, il aurait sans doute réussi à s’élever davantage, jusqu’à atteindre, peut-être, le même statut culte que les jeux d’autrefois.
Yooka-Laylee est développé par Playtonic Games et édité par Team 17. Jeu disponible le 11 avril sur PC, Xbox One, PlayStation 4. Yooka-Laylee est aussi en développement sur Switch mais il n’a pas encore de date de sortie. Version testée: PS4. PEGI 7.