Sans doute l’un des meilleurs jeux de sa génération, Metal Gear Solid 3 : Snake Eater revient sur Nintendo 3DS, sept ans après avoir infiltré la PlayStation 2. Malgré le poids des années, l’œuvre d’Hideo Kojima reste définitivement un jeu exceptionnel mais la réalisation sur 3DS a ici quelques soucis.
En 1964, sur fond de guerre entre les 2 grands blocs et de relations glaciales parasitées par les trahisons, Naked Snake est chargé de ramener en Amérique Nikolai Sokolov, éminent scientifique emprisonné en pleine jungle russe. Arrivé en territoire hostile, celui qui n’a pas encore hérité du titre de Big Boss va devoir se frayer un chemin entre les lignes ennemis afin de ne pas faillir à sa tâche. Une mission à très haut risque où les nombreuses rencontres ne manqueront pas de pimenter une aventure proche de l’exception.
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater appartient à cette lignée de jeux cultes, ce qui ne l’empêche pas d’avoir quelques imperfections naturellement. L’un des exemples les plus faciles à trouver demeure ces cinématiques jouissant d’une mise-en-scène magistrale mais qui ont aussi le don de durer un bon bout de temps. Mais après tout, peut-on vraiment considérer cela comme un défaut lorsque ces séquences sont parfois indispensables afin de mettre en place un scénario bourré de rebondissements? Alors on pourra également discuter de l’IA pas toujours irréprochable (le jeu d’origine date cependant de 2005) mais qui pourtant réussit toujours à nous réserver son lot de surprises. Bref, si MGS3 a des défauts, on arrive quand même à lui pardonner grâce à son énorme richesse et un gameplay rempli de subtilités et de possibilités surprenantes comme, par exemple, affamer volontairement les soldats d’une zone pour ensuite les empoisonner.
Avec cette adaptation sur 3DS, l’ambiance générale n’a pas changé, les personnages charismatiques évoluant toujours sur l’exceptionnelle bande-originale du titre. Bien entendu, Snake Eater a été adapté afin d’épouser au mieux les caractéristiques de la dernière portable de Nintendo, à commencer par l’écran tactile qui propose désormais tous les raccourcis nécessaires. Cela évite donc une navigation laborieuse dans les menus et permet d’avoir accès au camouflage, codec etc. du bout du doigt. Cependant, la gestion du sac à dos aurait pu être un peu plus simplifié. L’écran du bas accueille également une mini-map -jadis accessible depuis le menu pause sur PS2- qui est bien pratique afin de repérer les quelques chemins alternatifs cachés. Et on se réjouira que cette carte ne délivre aucune information sur la position des soldats ou des dangers se trouvant aux alentours. Effectivement, si on se méfiera particulièrement des ennemis positionnés un peu partout, on n’oubliera pas de jeter des coups d’œil furtifs sur la faune gambadant entre nos pieds. Car si tous les serpents ne sont pas venimeux, ramper dans les hautes herbes et se retrouver face à un cobra royal fait vraiment son petit effet. Notamment grâce à la 3D.
Si la 3D pendant le jeu est plutôt agréable, c’est véritablement lors des cinématiques qu’elle se retrouve particulièrement saisissante: les moments les plus remarquables sont principalement dans les passages situés juste avant les affrontements contre la Cobra’s Unit où on se régale des effets proposés. En revanche, la 3D nous réserve quelques curiosités. Ainsi, dès que l’on passe en vue à la première personne avec la plupart des armes, la 3D se désactive automatiquement. Un choix d’autant plus déroutant que cela choque un peu l’œil: on rampe à la première personne et au moment de dégainer, la 3D disparaît pour revenir après que l’on a tiré. L’autre grosse nouveauté de cet épisode et qui tire fonction de la Nintendo 3DS demeure la possibilité de prendre de vrais photos avec la console pour ensuite s’en faire une tenue de camouflage pour Snake. Loin d’être indispensable, cela se révèle quand même agréable.
Cet opus n’est pas non plus qu’une simple copie de la version PS2 avec en plus de la 3D et un écran principal dépourvu de HUD, puisque l’on retrouve à la fois la caméra libre de subsistence et une partie des commandes de Peace Walker. La 3DS n’embarquant pas originellement un deuxième joystick, on se retrouve à gérer la caméra avec les boutons A, B, X et Y. Terminer le jeu en utilisant ces boutons de façade est loin d’être impossible, mais inutile de dire que les possesseurs du Circle Pad Pro gagneront largement en confort de jeu mais surtout en précision, tandis que les autres devront faire un peu de gymnastique avec leurs doigts, les touches action se trouvant sur la croix directionnelle. Afin de pallier ce problème, MGS 3DS a été légèrement modernisé et accueille une très agréable visée à l’épaule qui sera fortement utile dans les dernières zones du jeu. De même, on retrouve les indications visuelles empruntées à Peace Walker et la possibilité de se déplacer le dos courbé afin de se faire plus discret. Enfin, on notera la disparition des kerotans au profit de Yoshis (cachés différemment!) et le curieux choix de rendre indestructibles les cordes maintenant le pont en bois au début de l’aventure. Ce passage proposait à l’époque un moment intéressant puisque l’on pouvait tendre un piège à la fois original et mortel aux ennemis debout sur ce pont suspendu au dessus du vide.
Visuellement, Snake Eater 3D est très proche de la version PS2. On n’échappe donc pas à des textures un peu flous mais sur petit écran, le jeu reste très agréable. De plus les modèles des personnages restent excellents et Snake s’est même offert un petit lifting le rendant plus expressif que jamais. Cependant, on n’aurait pas dit non à un aliasing moins prononcé ni à meilleure fluidité. C’est d’ailleurs sans doute le gros point noir de cette aventure où, à de fréquentes occasions, le jeu se met à ramer.
Malgré ces lacunes techniques, Metal Gear Solid : Snake Eater 3D demeure un indispensable pour les possesseurs d’une 3DS. On peut pourtant encourager les possesseurs d’une 3DS et d’une Xbox 360 ou PS3 à y réfléchir à deux fois avant de passer à l’acte d’achat puisque pour le même prix, on peut s’offrir Metal Gear Solid HD Collection, comprenant Sons Of Liberty et Peace Walker en plus de Snake Eater. Alors certes, on perd les deux principaux atouts de cette version, à savoir la 3D et le jeu sur portable, mais on gagne alors 2 nouvelles aventures et un certain confort visuel. Enfin, une fois Snake Eater 3DS terminé, on n’accède pas aux divers bonus présents à l’époque sur Subsistence et on ne pourra que refaire l’aventure dans une difficulté plus élevée, mais avec des objets bonus gagnés. C’est toujours ça de pris.
TL;DR: Metal Gear Solid : Snake Eater 3D réussit à nous proposer une fidèle adaptation de la version PS2 avec des ajouts très agréables comme la 3D, ou une caméra à l’épaule. Cependant, le jeu accuse quelques lacunes techniques préjudiciables au titre de Kojima Prod avec une frame-rate jouant souvent au yo-yo. Cela n’enlève rien aux charmes de ce jeu culte mais nuit à l’expérience comme l’absence d’un second stick de série sur 3DS. Bref, un jeu à conseiller fortement aux possesseurs d’une simple 3DS, mais ceux qui ont le choix avec MGS HD Collection devraient plutôt se tourner vers cette compilation comprenant les fabuleux Sons Of Liberty, Snake Eater et Peace Walker.
Metal Gear Solid : Snake Eater 3 est édité par Konami et développé par Kojima Productions. Le jeu est sorti le 8 mars sur Nintendo 3DS. PEGI 18.