Simple divertissement mal écrit pour certains, jeu passionnant pour d’autres, Heavy Rain a largement divisé à sa sortie. Mais malgré cette approche différente et les nombreuses critiques qu’il a essuyées, le jeu de Quantic Dream a été un joli succès avec plus de 3 millions d’exemplaires écoulés. Forcément, difficile alors de ne pas continuer dans cette voie. C’est ainsi que le studio parisien, trois ans et demi après la traque au tueur à l’origami, nous livre son nouveau titre : Beyond Two Souls. Nouvelle histoire, nouveaux acteurs, même triomphe?
Même s’il partage de nombreux liens avec Heavy Rain, Beyond Two Souls n’en demeure pas moins un jeu unique et intrigant sous bien des aspects. Beyond narre ainsi l’histoire de Jodie Holmes, une enfant ayant le don -ou la malédiction- de pouvoir communiquer avec une entité invisible : Aiden. Tout le jeu repose justement sur la relation entre ces deux personnages et la terrible confrontration avec le monde extérieur. Pour ce faire, Beyond se focalise sur les 25 premières années de Jodie et se déroule sous la forme de scénettes multipliant les flashbacks et flashforwards. Un « désordre chronologique » en quelque sorte qui peut souvent semer la confusion mais qui permet néanmoins de garder un rythme satisfaisant tout au long des 10 heures de jeu, malgré quelques passages un peu longs.
Mais ce choix implique aussi de rendre l’aventure plus linéaire et le joueur plus spectateur qu’acteur. On ne vit pas l’aventure de Jodie, on l’assiste plutôt dans ses choix en étant un témoin privilégié de ce périple. Il est bien entendu toujours possible d’influer sur le déroulement de certains événements ou de conduire les dialogues à sa manière, mais l’issue de chaque chapitre reste généralement toujours identique. De même, l’échec dans les phases d’action -toujours sous la forme d’actions contextuelles- n’a très souvent que peu d’incidences sur le résultat global. S’il n’offre donc pas autant de liberté qu’on aurait pu l’espérer, Beyond n’en reste pas moins un jeu touchant à bien des égards. Chacun sera réceptif à sa manière mais en dépit de quelques maladresses, Beyond réussit à proposer certains moments poignants en explorant finalement les mêmes thèmes qu’Heavy Rain, à savoir la colère, la vengeance et la famille.
La transmission de ces émotions passe naturellement par le jeu impeccable de chacun des acteurs, que ce soit Ellen Page, Willem Defoe ou les seconds rôles. Mais en engageant des figures d’Hollywood, les frontières avec le 7ème art se font forcément plus minces, d’autant plus que le jeu adopte un rendu très cinématographique avec des bandes noires à l’écran. Ce n’en reste pas moins un jeu vidéo avec de véritables phases de gameplay, certes très guidées à l’image des moments où l’on contrôle Aiden, mais c’est ici à la fois la qualité et le défaut de Beyond Two Souls : se vouloir être un jeu définitivement différent fait pour charmer un public large et raconter une histoire à embranchements pour créer un lien émotionnel. C’est réussi, à condition d’accepter de se plier à ces règles parfois troublantes.
- A lire aussi : l’avis de Julien.
Beyond : Two Souls est développé par Quantic Dream et édité par Sony Computer Entertainment. Jeu sorti le 9 octobre sur PlayStation 3. PEGI 16.