Agents Of Mayhem est le premier véritable jeu « next-gen » de Volition. Saints Row: Gat Out Of Hell ne compte pas. C’était un jeu à cheval sur deux générations et il reposait surtout sur les fondations de SR4. Volition a donc pris son temps avant de se jeter dans le grand bain. Agents Of Mayhem est au final un jeu très carré, plutôt généreux mais qui, hélas, a semble-t-il plusieurs années de retard.
Avant de commencer ce test de Agents Of Mayhem, il convient de dire ce que n’est pas Agents Of Mayhem. Ce n’est pas Saints Row V. Et ce n’est pas un jeu multijoueur. A première vue, la confusion est possible. Il y a toutes ces références plus ou moins explicites à l’univers du Boss, ce violet omniprésent à l’écran et la possibilité de choisir Johnny Gat dans son escouade. Cette dernière est forcément constituée de 3 héros parmi la douzaine de personnages différents disponibles. Il n’y a pourtant aucune trace d’un mode coop. Agents Of Mayhem, c’est en fait un jeu d’action en solo, mais à 3.
Le nom du jeu fait référence à cette organisation qui cherche à mettre fin aux agissements du redoutable Dr Babylon dans un Seoul futuriste. Il s’agit d’un monde ouvert mais on a rarement l’impression d’évoluer dans une ville vivante. C’est plutôt un grand terrain de jeu dans lequel on dézingue à tout va tous les ennemis osant se dresser sur notre chemin. Dans Agents Of Mayhem, on tire sur tout ce qui bouge, on explose des générateurs et on récupère des données importantes grâce au piratage informatique. Pour cela, il suffit d’appuyer sur la bonne touche au bon moment.
Le jeu de Volition repose sur une formule très simple et très arcade. Il n’y a pas de système de couverture, pas de gestions des munitions. Elles sont illimitées mais il faut quand même penser à recharger de temps en temps. Il en ressort des affrontements satisfaisants, bourrins mais aussi un minimum stratégiques. Chaque escouade étant constituée de 3 agents, on retrouve toujours 3 gameplay différents. Volition a déployé de grands efforts pour que chaque personnage soit unique, tant au niveau de son aspect visuel que de ses caractéristiques. Avec son fusil d’assaut, Hollywood peut éliminer les adversaires à distance. Au contraire, Gat est un redoutable spécialiste du combat rapproché. Joule peut quant à elle déployer une tourelle. On retrouve aussi une archère, une ninja, un assassin japonais…
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y a pas vraiment de complémentarité entre les agents. On ne peut pas additionner les pouvoirs de chacun. La tourelle de Joule disparait ainsi dès que l’on change de héros. Ces remplacements se font tout naturellement, sans temps de chargement. On switche de personnage suivant la situation mais surtout pour reposer ceux qui ont souffert au combat; lorsqu’on met un agent sur le banc de touche, sa santé et son bouclier se régénèrent automatiquement.
A mesure que l’on progresse dans Agents Of Mayhem, chaque personnage a accès à un plus grand choix de compétences à équiper. Outre divers skins, il existe de nombreuses options pour modifier les caractéristiques de ses héros. On peut ainsi revoir les performance du gadget spécial, de la super-attaque, de l’arme principale, ou bien des compétences passives. Il y a aussi de nombreux points d’amélioration à distribuer dans différentes catégories. Parfois, cela permet aussi d’infliger des effets secondaires aux ennemis. Agents Of Mayhem se la joue un peu RPG. En plus des dégâts affichés à l’écran, de l’XP en pagaille et des points critiques, on note ainsi la possibilité de désorienter les ennemis, de les aveugler, de les ralentir, de les immobiliser, de les étourdir…
Agents Of Mayhem donne cette impression d’être très généreux. Dans la personnalisation des héros, mais aussi au niveau des missions. Seoul regorge de diverses activités (très classiques) et on compte au total 57 missions. Une partie d’entre elles servent à déverrouiller les agents et à en apprendre plus sur leurs motivations personnelles. Les personnages non-sélectionnés ont également une utilité puisqu’ils peuvent être envoyés dans le monde entier afin de mettre un terme à ce conflit mondial. Enfin, on note 15 (!) niveaux de difficulté différents. Chacun d’eux revoit l’efficacité des ennemis et octroie différents bonus d’XP et d’argent.
Après avoir terminé le mode histoire d’Agents Of Mayhem en une petite quinzaine d’heures, on a accès à une nouvelle option: celle de refaire les missions. On peut alors en profiter pour tester les différentes difficultés mais aussi de nouvelles combinaisons de personnages. Cela permet de découvrir les missions sous un angle légèrement nouveau, mais aussi d’écouter de nouvelles lignes de dialogues; chaque agent dispose en effet de ses propres répliques. Probablement pour des raisons de stockage et de budget, Agents Of Mayhem repose alors uniquement sur un doublage en anglais. Il faut donc se contenter des sous-titres en français, souvent difficiles à lire lorsqu’il faut en parallèle combattre ou conduire. A ce sujet, sans surprise, les véhicules —uniquement des 4 roues— ont eux aussi un gameplay très arcade. Les dérapages sont rois quand il faut négocier les virages et les voitures collent au sol.
Malgré tout, Agents Of Mayhem parait incomplet. Parce que ne pas proposer de mode coop en 2017, à une époque régie par les hero-shooters en ligne et les Games As A Service, c’est bizarre. Pour beaucoup, ce choix de design sera rédhibitoire. Pour d’autres, ce sera au contraire un motif d’achat supplémentaire. Car finalement, Agents Of Mayhem a un petit côté rétro séduisant —et non has-been. Quand il s’agit de faire parler la poudre, le jeu de Volition ne fait pas dans le détail. Les gunfights sont nerveux, changer de personnage modifie les approches… C’est aussi un jeu qui ne se prend pas au sérieux à l’image de ces animations uniques quand on entre dans un véhicule avec classe. On retrouve au final beaucoup d’humour, une histoire légère mais intéressante car bien racontée, et la possibilité de faire des triple-sauts. Le double-saut, c’est ringard.
L’absence d’un mode coop reste néanmoins une immense énigme. Peut-être était-ce un moyen de réduire les coûts de production. Dans le même genre, tous les repaires, c’est-à-dire les bases souterraines des vilains méchants, ont tous été conçus à l’aide du même architecte. Il en résulte des niveaux qui se ressemblent tous affreusement, comme les clones que l’on affronte. Enfin, on peut aussi évoquer l’absence de musiques sous licence, ce qui rend les déplacements en véhicule bien fades, malgré leur courte durée —on traverse la ville en peu de temps.
Derrière ce côté brut, voire un peu simpliste par moment, Agents Of Mayhem n’en reste pas moins un jeu très agréable, un shooter qui fait largement le job grâce à un gameplay efficace. Alterner entre trois personnages a son charme, mais le jeu en coop aussi. Faire l’impasse sur une telle fonctionnalité est surprenant. Volition vise uniquement les joueurs solo. En 2017, faire un tel pari est très risqué —voire déconnecté de la réalité. Agents Of Mayhem mérite sa chance, mais le public est-il prêt à la lui donner?
Agents Of Mayhem est développé par Volition et édité par Deep Silver/Koch Media. Jeu disponible le 18 août sur PlayStation 4, PC et Xbox One. Version testée: PS4. PEGI 18. Site Officiel.