C’était le 1er décembre 2015. Ubisoft lançait alors Rainbow Six Siege. Deux ans plus tard, son FPS compétitif voit sans cesse sa popularité croitre pour le plus grand bonheur des joueurs et de la compagnie française.
On l’oublie souvent mais avant Siege, la licence Rainbow Six a connu une longue traversée du désert. Après deux épisodes sous-titrés Vegas (2006, 2008), Ubisoft a tenté quelque chose de nouveau, de plus ambitieux. Ce projet avait un nom: Rainbow Six Patriots. Il avait même un trailer, diffusé lors des Video Games Awards en décembre 2011. Il s’agissait d’un jeu principalement solo avec une grosse mise en scène et un système de choix. Le géant français a finalement préféré abandonner ce jeu. Cela ne signifie pas pour autant qu’il a mis de côté la licence. Au contraire, Ubisoft a embrayé sur un jeu multijoueur, quitte à rompre avec son passé.
Lors de l’E3 2014, Rainbow Six Siege est officialisé. La vidéo est pipeauté à 200%, mais ce n’est pas grave. Le grand public découvre un jeu de tir en 5 contre 5, des combats très rapprochés et un environnement destructible. Ce titre tactique plus ou moins réaliste va petit à petit se transformer en l’ambassadeur des jeux-service et faire d’Ubisoft l’un des rois du FPS multi. C’était important pour le Français car après tout, dans ce domaine, il pêchait. Les Far Cry ont ainsi du succès pour leur solo, mais qui se souvient de leur mode multi?
Rainbow Six Siege constitue une belle histoire pour Ubisoft. Ce FPS célèbre aujourd’hui son deuxième anniversaire et il est plus en forme que jamais. Au dernier recensement, on comptait plus de 25 millions de joueurs. Quitte à se répéter, ce nombre ne correspond pas aux ventes de Rainbow Six Siege. Il représente uniquement le nombre de personnes ayant joué au moins une fois à ce FPS multi, que ce soit en l’ayant acheté ou bien en participant à un week-end gratuit. Le système de mesure le plus important reste le MAU, voire DAU, qui renseigne sur le nombre de joueurs actifs par mois ou au quotidien. En février dernier, Ubisoft évoquait plus d’un million de joueur par jour sur Rainbow Six Siege.
Ces données sont impressionnantes et résultent des efforts d’Ubisoft pour garder un jeu vivant. Les patchs se succèdent, les nouveaux contenus aussi. Ce deuxième anniversaire coïncide d’ailleurs avec la prochaine arrivée de l’Opération White Noise. Cette mise à jour gratuite ajoutera dès le mardi 5 décembre une map et 3 agents. A cette date, Dokkaebi, Zofia et Vigil seront directement débloqués pour tous les possesseurs du Season Pass de l’an 2 de Rainbow Six Siege. Ceux qui n’ont pas craqué pourront dès le 12 décembre acquérir ces opérateurs inédits contre des points de renommées, une monnaie virtuelle acquise à la fin de chaque partie.
Il est intéressant de voir que Rainbow Six Siege continue encore de recevoir des compliments après sa sortie et qu’il a su éviter les polémiques. Pourtant, à y regarder de plus près, il n’est pas si différent d’autres jeux parfois pointés du doigt. Il ne possède ainsi aucun mode solo —mis à part des missions d’entrainement peu intéressantes— et n’est donc qu’un jeu multi vendu plein tarif. On note aussi que de base, tous les agents sont bloqués. Pour avoir accès à chacun d’eux, il faut dépenser ces points de renommées.
Une boutique en ligne est également présente et vend par exemple des boosters, histoire de gagner davantage de points à la fin des matchs. Cela rappelle ce que font les Free-To-Play. Il en va de même pour l’introduction tardives des loot boxes, pardon, des packs alpha qui contiennent un skin aléatoire. On en gagne parfois à la fin d’un match ou bien on peut directement en acheter.
Plusieurs éléments rappellent le cas Battlefront 2. Cela dit, Rainbow Six n’est pas Star Wars. Ce n’est pas une licence aussi grand public et populaire. L’accès à l’ensemble des agents de base est aussi plutôt rapide. Quant aux packs alpha, ils n’ont strictement aucun impact sur le gameplay. Ces skins sont par définition uniquement cosmétiques; au pire, ils ruinent l’immersion des joueurs.
Rainbow Six Siege a sans doute pu s’en sortir grâce à sa volonté de ne pas diviser la communauté. Toutes les maps additionnelles sont ainsi gratuites. Quant aux personnages inédits, ils peuvent être débloqués en sortant sa carte bleue (via le Season Pass) ou bien avec la monnaie virtuelle. Il faut généralement jouer entre 15 et 25h pour en débloquer un. Il est important de préciser qu’on parle là des soldats ajoutés après la sortie du jeu. Pour ceux de base, c’est beaucoup plus court.
Les DLC/Opérations faisant leur apparition tous les 3 mois, les joueurs ont généralement assez temps pour engranger assez de points de renommées. Entre temps, Ubisoft continue de déployer des mises à jour. Heureusement, car Rainbow Six Siege en a souvent bien besoin. Les patchs ont bizarrement tendance à revoir à la baisse les graphismes et à rajouter des bugs alors que le jeu original n’était pas vraiment exempt de défauts. On se souvient du Black Jesus (modèle 3D qui flotte), de la possibilité de sortir d’un bâtiment pendant la phase de préparation, des personnages qui se bloquaient après avoir fait du rappel…
Les maps ont aussi dû être revues pour éviter certains ‘exploits’ (rentrer dans un mur et pouvoir tirer sur tout le monde sans être vu). On peut aussi évoquer des hitboxes corrigées et des pings anormalement élevés, ce qui donnait à ces joueurs un curieux avantage. Rainbow Six Siege a aussi été souvent ré-équilibré au niveau de son gameplay. Blackbeard avait jadis un bouclier ultra-résistant, Montagne était moins bien protégé… Au fil du temps, les opérateurs ont presque tous été revus. Certains ont perdu des gadgets, d’autres en ont gagné. Au fur et à mesure, Ubisoft n’a d’ailleurs pas hésité à rajouter certaines armes comme des mines ou des grenades à impact.
Plus le temps passe, plus Rainbow Six Siege s’améliore. Il a certes connu pas mal de soucis dans le passé, mais la communauté est restée. On pourrait évoquer une sorte de syndrome de Stockholm en fin de compte. Le jeu plait pour son suivi et l’expérience unique qu’il propose. Ubisoft voit d’ailleurs loin avec ce Rainbow Six Siege puisqu’il souhaite au minimum 50 opérateurs; de quoi assurer une expérience sans cesse renouvelée. Une troisième année de contenu a été confirmée et devrait logiquement débuter en février 2019. On suppose que la compétition eSport sera elle-aussi reconduite.
Ubisoft profite un maximum du succès de Rainbow Six Siege. Il prend soin de son bébé comme au premier jour, ce qui rassure les joueurs de longue date et ceux qui veulent se lancer dans cette nouvelle aventure. Curieusement, ce FPS n’a pas vraiment de concurrents sur ce segment du combat rapproché dans un environnement destructible. C’est un peu dommage car ce genre peut viser encore plus loin en poussant davantage certains mécanismes; avec des éléments plus tactiques ou plus réaliste comme un éclairage dynamique par exemple. Qu’importe, joyeux anniversaire Rainbow Six Siege!