Le Metaverse est devenu le nouveau mot à la mode. On l’entend de plus en plus dans la bouche de grandes compagnies. Mais le plus insistant est sans conteste Facebook, un géant dont l’envie est simple : révolutionner notre monde.
Il y a quelques jours, Facebook Inc. a changé de nom. Il faut désormais parler de Meta, la maison mère de Whatsapp, Instagram, et Facebook donc. On aurait également pu citer Oculus mais ce dernier va petit à petit disparaître. L’Oculus Quest, le casque de réalité virtuelle, deviendra ainsi l’an prochain le Meta Quest.
Ce n’est pas un hasard : Facebook croit énormément en la réalité virtuelle. C’est à travers cette technologie qu’il compte installer le Metaverse. C’est ambitieux ; irréaliste, diront certains. Mais Facebook est bien décidé à y arriver.
Qu’est-ce que le Metaverse ?
En juillet dernier, Mark Zuckerberg révélait le nouveau rôle de Facebook : ne plus être un réseau social mais un Metaverse.
Le Metaverse se définit comme un ensemble de lieux virtuels que l’on peut explorer et façonner avec d’autres personnes. Tout est ensuite une question d’immersion et de sentiment de présence, prévient Zuckerberg. Il faut que ce monde virtuel permette de tout réaliser : travailler, apprendre, faire des achats, sortir avec des amis…
Il y a derrière le Metaverse une idée d’ubiquité. On peut se téléporter n’importe où, rejoindre des personnes à l’autre bout du monde. Pour ça, la technologie est mise à rude épreuve. Elle mise sur la réalité virtuelle et même la réalité augmentée avec des hologrammes. Le Metaverse doit en fait supprimer les frontières entre le virtuel et le réel ; deux univers dans lesquels on évolue librement.
Les jeux vidéo sont-ils déjà des Metaverses ?
Beaucoup de jeux vidéo proposent des univers en ligne. Ils sont en revanche très limités. On ne fait que conduire des voitures, lancer des sorts sur des monstres, ou tirer sur tout ce qui bouge.
Il y a néanmoins un titre qui sort du lot : Fortnite. Lors du procès opposant Epic Games à Apple, Tim Sweeney décrivait d’ailleurs son jeu comme un Metaverse.
Cette affirmation n’est pas choquante. Elle est au contraire évidente. Fortnite coche toutes les cases. C’est un monde virtuel dans lequel on peut voir ses amis, jouer avec eux, regarder des films, ou bien assister à des concerts.
De manière plus globale, le Metaverse est un monde virtuel régit par ses propres règles. Au-delà des diverses activités, il doit proposer sa propre monnaie et réussir à attirer les annonceurs. Le but est bien sûr de tout monétiser. Et ça, Fortnite le fait parfaitement ; c’est un jeu qui plaît énormément aux marques.
Quelle est l’origine du Metaverse ?
Au sein de Facebook, le projet Metaverse remonte à 2018. A l’époque, Jason Rubin remet un document de 50 pages à l’ensemble de la direction. Celui-ci s’appelle le Metaverse et explique comment démocratiser la VR : en offrant au grand public son rêve ultime, celui d’un monde entièrement virtuel.
A l’heure actuelle, la réalité virtuelle est loin d’être un grand succès. Elle se cantonne essentiellement aux jeux vidéo et les ventes peinent à décoller. On recense ainsi 5 millions de PSVR et sans doute un peu moins pour l’Oculus Quest 2. Des boites comme Google et Microsoft ont lâché l’affaire tandis qu’Apple se tient à distance.
Jason Rubin est l’ancien fondateur de Naughty Dog. Il est ensuite passé par THQ puis Oculus avant d’occuper le poste de Vice Président en charge du contenu du Metaverse.
Sa longue présentation a réussi à convaincre les hautes-sphères de Facebook. Le Metaverse est l’avenir de la compagnie. Et pour ça, il est nécessaire de voir grand.
« Si créer le Metaverse ne nous effraie pas, alors ce n’est pas le Metaverse que nous souhaitons construire ni celui que veulent les consommateurs. » Voir petit se résumerait alors à un « Mini-verse« , prévient Jason Rubin.
Dans son document, il décrit sa vision. Il y a ainsi cette ville avec des boutiques, des cinémas, des bâtiments imposants à la gloire de certaines marques. En se baladant dans les allées, on peut jouer au bowling ou changer l’apparence de son avatar. Netflix et Instagram sont également présents et permettent d’accéder à leur contenu avec une plus grande immersion.
On peut également y rencontrer des gens et pourquoi pas, se marier avec.
Le Metaverse est une seconde vie, une idée qui fait rêver de nombreuses compagnies. Et selon Rubin, le premier à fonctionner sera aussi le dernier. Il n’a pas tort : internet aime les monopoles.
Pourquoi tout le monde veut créer son Metaverse ?
Comme souvent, la réponse est la même : l’argent. Il y a des intérêts économiques évidents à créer un Metaverse. Des commissions pourraient ainsi être prélevées sur chaque transaction. Des partenariats avec des annonceurs pourraient également être passés.
Dans son rapport, Jason Rubin estime que 100 millions d’utilisateurs actifs pourraient générer dans le Metaverse autant de revenus qu’un milliard de personnes dans le vrai monde.
Il est bien sûr impossible de vérifier ces chiffres. Ils montrent toutefois à quel point Facebook croit en ce futur. Un futur qui irait de pair avec la réalité virtuelle. Ces casques seraient alors une énième source de revenus pour le géant américain.
Enfin, dans son document, Jason Rubin estimait qu’il serait nécessaire de racheter un studio de jeu vidéo. Insomniac et Gearbox étaient alors ciblés. Le premier cité a depuis été acquis par Sony, le second par THQ Nordic / Embracer.
Facebook a alors jeté son dévolu sur Ready At Dawn, les auteurs de l’excellent Lone Echo. Il en a aussi profité pour s’offrir Sanzaru (Asgard’s Wrath) ou la Beat Team (Beat Saber). Il y a quelques heures, il a également annoncé le rachat de Within, auteur d’une application Fitness pour la VR.
Le Metaverse peut-il fonctionner ?
Selon Mark Zuckerberg, le Metaverse deviendra mainstream d’ici 2030. Il est difficile de dire si cette prophétie se réalisera. On a tous déjà une petite vie virtuelle à travers les réseaux sociaux ou les jeux vidéo. Le Metaverse promet cependant d’aller beaucoup plus loin. Voire trop ?
Il y a un côté effrayant derrière le Metaverse ; celui d’une révolution prête à chambouler notre monde comme on le connait.
Facebook veut transformer nos vies et pour ça, il est prêt à y aller tout en douceur. Il a dévoilé ses plans à l’avance ; le changement ne sera donc pas brutal. Et pour lui, ce sera un bon moyen d’ajuster ses calculs au fur et à mesure. Car pour mener une telle révolution, il aura besoin de l’aide de tout le monde. Mais la première étape, sans doute la plus difficile, sera de convaincre les gens que le virtuel vaut autant que le réel.