Nouvelle génération, nouvelle guerre des consoles. Et pour s’imposer, Microsoft et Sony ont chacun leur propre stratégie.
Cela fait bientôt six mois que Microsoft et Sony ont respectivement lancé la Xbox Series X|S et la PlayStation 5. Il est difficile à l’heure actuelle d’identifier la moindre tendance. Les problèmes de stocks brouillent les pistes. On a l’impression que les deux constructeurs se portent bien. C’est une bonne nouvelle, c’est la preuve que leur message passe bien. Car pour l’un, comme pour l’autre, des stratégies bien précises ont été établies. Et celles-ci, sont très différentes.
Chez Microsoft, on vise le long terme et en attendant, on gonfle le Xbox Game Pass
Cela n’aura échappé à personne : Microsoft a multiplié les rachats de studios ces derniers temps. En 2018, il y a eu Ninja Theory, Obsidian ou encore Playground Games. Puis, en 2020 —avec une confirmation la semaine dernière—, Bethesda.
Microsoft a tapé fort. Il a bâti une impressionnante armée. Seul problème : développer un jeu vidéo demande du temps. De l’argent, certes, mais surtout de longues années. Nombreux sont les titres qui sont désormais conçus en 4 ou 5 ans, voire plus. En d’autres termes, il faudra se montrer patient avant de jouer à Fable, Avowed voire même The Elder Scrolls VI.
Il s’agit toutefois de belles promesses. Investir dans une Xbox Series X|S, c’est la certitude de voir débarquer de nombreuses exclusivités dans les prochaines années.
En attendant, Microsoft continue d’investir dans le Xbox Game Pass afin de gonfler le catalogue Xbox, PC et mobile. Ce service par abonnement est l’atout numéro un de l’Américain. Contre 13€ par mois, dans sa version Ultimate, il offre accès à une centaine de jeux. Comme c’est le cas pour les Netflix, Disney+ et consort, le contenu est roi. Il faut des nouveautés, à un rythme régulier sinon, les clients s’en vont.
Microsoft ne cesse de sécuriser de nouveaux jeux. Dans les prochains jours, Yakuza 6, Empire of Sin et Star Wars Squadrons intégreront ce service. Et puis, il y a aura dès leur lancement, Octopath Traveler et Outriders. Le premier cité était jusque-là une exclusivité Nintendo tandis que le second est le looter-shooter qui a le vent en poupe, d’autant plus que les sorties sont rares en ce moment.
A l’avenir, il y aura du lourd, du très lourd chez Xbox. Et actuellement, c’est le Xbox Game Pass qui assure brillamment l’intérim grâce à des jeux tiers.
Chez Sony, vise-t-on encore le court terme?
Il faut dire ce qui est : le line-up qu’avait officiellement prévu Sony pour 2021 était démentiel ; le genre de catalogue capable de gagner une guerre à lui tout seul, ou presque.
La première moitié de 2021 n’a pas bougé. Il y aura bien en avril, mai et juin Returnal, Deathloop et Ratchet & Clank : Rift Apart. Il y a de l’inédit et le retour d’une licence culte; de quoi montrer que la PS5 saura convaincre anciens et nouveaux joueurs. Puis à l’été on découvrira Kena : Bridge Of Spirits dont la réalisation rappelle les productions Pixar. Ce sera un bon moyen de rappeler que la PS5, comme sa concurrente, est une machine surpuissante.
Et enfin, il y aura la rentrée 2021 et Noël. Etaient annoncés : Horizon – Forbidden West, Gran Turismo 7 et God Of War – Ragnarok. C’est-à-dire trois énormes exclusivités, trois jeux capables de vendre des wagons de PS5. Le covid-19 et diverses difficultés ont toutefois forcé Sony à revoir ses plans. Gran Turismo 7 est officiellement décalé à 2022 tandis que des doutes subsistent sur God Of War et même Horizon 2.
Rien n’est encore confirmé, on aimerait avoir plus d’infos; on en aura sans doute aux alentours de juin. Avec cette sélection, Sony tape directement fort, comme s’il se savait menacé sur le long terme. Le Japonais est prêt à dégainer quelques-unes de ses plus belles cartouches dès le début. Avec la PS4, autrefois, il avait été plus timide. Pour sa première année, cette console avait hérité de inFamous, Driveclub ou LittleBigPlanet 3. C’étaient des très bons jeux, mais ces derniers n’ont nullement l’aura d’un Horizon, God Of War ou Gran Turismo.
On verra ce qui se passe dans les prochains mois. Si certains titres devaient être repoussés, alors, 2022 pourrait être une magnifique année pour Sony. Celles qui suivent, aussi. Si le Japonais a prévu de jolies choses à court terme, il n’oublie pas qu’une console doit être accompagnée sur de longues années. Pour le moment, Sony ne souhaite pas racheter des studios à tour de bras. A la place, il fait d’autres paris.
Hier, on a ainsi appris qu’il avait sécurisé les droits de la prochaine licence de Haven, un nouveau studio bâti par Jade Raymond (ex-Stadia, EA et Ubisoft). Sony revoit également son organisation interne en doublant ses effectifs au sein de quelques studios. Guerrilla a ainsi un autre projet en parallèle de Horizon : Forbidden West. Santa Monica semble également au travail sur un autre jeu, en plus de God Of War 2. Et Naughty Dog a maintenant 4 Co-Game Directors, ce qui est beaucoup ; on se dirigerait là aussi vers deux équipes.
Quand on compare la vision à long terme de Sony et Microsoft, on a là aussi deux stratégies différentes. Oui, ils cherchent chacun à faire plus de jeux exclusifs. Mais d’un côté, on renforce ses effectifs tandis que de l’autre, on rachète des studios avec, en bonus, des licences fortes. D’ici 5 ou 6 ans, on saura qui a pris la meilleure décision. En attendant, qu’importe le camp dans lequel on se trouve, l’avenir s’annonce particulièrement excitant.