jeudi, novembre 21, 2024
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Manga : Lost Paradise, tome 1 – Notre avis

Lost Paradise est un manga… spécial. Outre son titre ayant -pour le moment- très peu de rapport avec le sujet de la série (vous le verrez, il n’y a rien de paradisiaque dans Lost Paradise), on reste partagé lors de la lecture du manga. Entre un malaise permanent face à la violence faites aux personnages féminins, et une envie de plonger avec une curiosité presque malsaine dans son univers oscillant entre misogynie exacerbée, ultra-féminisme revendiqué et homosexualité féminine latente, et à peine masquée. Car oui, il y a de tout ça dans Lost Paradise.

Utopia. Une académie unique au monde, acceptant uniquement les élèves les plus doués. Construite sur une île artificielle par une multinationale renommée (la société Iwahijiri), cette école promet un avenir brillant dans le secteur de son choix à n’importe quel élève qui en sort diplômé. Mais Utopia cache un étrange secret : l’Hexagram, son jeu virtuel grandeur nature, où les hommes uniquement peuvent s’affronter en utilisant les femmes comme armes. Chaque lycéen remportant un combat devient propriétaire de l’arme du perdant et peut faire ce qu’il veut de la jeune fille, devenue comme son esclave. C’est dans cet univers aux règles archaïques que débarque Sora, une jeune fille au caractère bien trempé et qui aime à se rêver en chevalier. Ça tombe bien : elle est étrangement la seule fille à pouvoir affronter les hommes dans l’Hexagram. Elle se trouve donc un but : délivrer de l’oppression des hommes toutes les jeunes filles du lycée et faire en sorte que la paix revienne à Utopia. Mais est-ce aussi simple de changer les mentalités ?

 

 

Enfer ou Paradis ?

A la lecture de ce premier tome, on pourrait de prime abord être choqué par la manière dont les femmes sont traitées dans Lost Paradise : ces dernières ne sont en effet rien d’autre que des faire-valoir pour les hommes, reléguées au rang de simples objets de loisir qu’on s’échange comme autant de cartes Pokémon. La violence physique et morale est le lot quotidien de ces pauvres lycéennes, dont on se demande forcément pour quelle raison elles acceptent d’être traitées de la sorte. Le fait de s’assurer un avenir confortable ne suffit évidemment pas pour justifier de tels actes et on préférera évoquer un certain masochisme du sexe- forcément- faible dans ce manga. Surtout lorsque Tsuki, la meilleure amie de Sora, évoque les règles du jeu avec une froideur et un détachement étonnant de fatalisme, sans évoquer une quelconque volonté de quitter les lieux. Les hommes sont tous (sans exception) des monstres sans visages (et surtout sans yeux) qui se rejoignent en une sorte d’entité sans nom dont le seul but est de torturer et d’humilier les femmes.

Et dans tout ça, il y a Sora, l’héroïne de cette histoire et petit grain de sable dans la machine, qui tente de renverser la vapeur et de changer les règles dans cette micro-société où l’égalité homme-femmes n’est qu’une utopie. Sora est forte, belle, rebelle et défonce les mecs à coups de latte. Une féministe pur jus, dont l’auteur, Tôru Noamura, force d’ailleurs un peu trop le trait : on pourrait aisément remplacer Sora par un jeune homme (du moins au niveau de son caractère) tant sa masculinité est mise en avant entre chaque mésaventure. Sora passe ainsi son temps à jouer un match qui semble perdu d’avance, défendant chaque jeune fille en détresse contre l’oppresseur masculin. Des hommes dont aucun ne semble vouloir rallier sa cause. A part peut-être un…

 

Ainsi, si les personnages féminins sont en souffrance permanente dans Lost Paradise, les hommes en prennent en réalité, encore plus pour leur grade : mesquins, lâches, violents, stupides et se complaisant dans cette pseudo-société misogyne, on peut se laisser attendrir par leurs victimes, mais on sera sans pitié pour les mecs qui ne sont, de toute façon, pas du tout à leur avantage dans ce manga. Sora prend alors le rôle d’une militante de la libération des droits des femmes, prête à tout pour changer les règles.

Enfin, le troisième élément (et pas des moindres) c’est évidemment l’homosexualité sous-jacente et l’érotisme à peine masqué qui se dégage de Lost Paradise. Souhaitant à tout prix délivrer toutes les jeunes filles d’Utopia de l’oppression masculine, Sora se constitue peu à peu un harem 100% féminin, avec des filles totalement dévouées à sa cause. Toutes les lycéennes de l’académie l’admirent, mais certaines se montrent peut-être un peu trop… expressives, pour que ce ne soit pas intentionnel de la part de l’auteur. Un cocktail de fan-service et de situations gênantes suffiront donc à Lost Paradise pour constituer un lectorat de choix dès ce premier tome.

Et pourtant… Tous ces éléments rassemblés ici pourraient paraître comme des arguments à charge contre Lost Paradise, mais le scénario, habilement mis en scène par l’auteur vous invitera à vous intéresser de près à cette nouvelle série. Les questions soulevées dès le premier tome sont légions : qui est réellement Tsuki ? Pourquoi ne semble-t-elle pas avoir de « propriétaire » ? Quel est donc ce mystérieux conseil des élèves, et quel est le but de son charismatique leader, L ? Évidemment, on se plaît également à vouloir connaître le fin mot de l’histoire et la manière dont Sora réussira, ou non, à mener à bien sa mission, et enfin devenir le chevalier qu’elle rêve d’être.

Et puis les dessins restent magnifiques, ce qui ne gâche rien.

A suivre, donc !

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