A l’origine, Lawbreakers devait être un free-to-play. Les équipes de Bosskey ont finalement changé leur fusil d’épaule et en ont fait un jeu premium. Derrière cette formule se cache en fait un modèle économique classique: il suffit de payer 30€ pour y avoir accès. Le studio américain répétait alors qu’il s’agissait du juste prix pour un jeu ne proposant aucun mode solo. Près de 4 mois après sa sortie, on se rend compte qu’il s’agissait probablement d’une erreur. Il faut sauver le soldat Lawbreakers. Le faire passer en free-to-play pourrait signer son salut.
Il y a quelques temps, Cliff Bleszinski se plaignait de la manière dont la presse traitait LawBreakers. Il reprochait notamment aux médias de ne chercher que la polémique et les news à clics. Le créateur américain s’en prenait en fait à ces articles s’alarmant sur le faible nombre de joueurs de LawBreakers. Il y a peut-être une forme d’acharnement dedans —de nombreux jeux pourraient être traités de la même manière— mais cela reste de l’information. Car après tout, il y a un véritable problème LawBreakers.
Malgré quelques week-end gratuits, sur PC, LawBreakers ne réussit pas à rameuter les foules. Selon les données de SteamSpy, on tourne autour des 80 000 ventes. Ce n’est pas formidable. Ce n’est pas non plus un cuisant échec. Son bassin de joueurs actifs est en revanche très faible. Au mieux, ces derniers jours, ce jeu de tir n’a attiré que 66 personnes en même temps sur Steam. Cruel.
Sur PlayStation 4 où il est également disponible depuis début août, on n’a pas accès à de telles statistiques. Selon Cliff Bleszinski, LawBreakers se porte mieux sur cette plateforme que sur PC. Mais impossible de chiffrer cela. On a toutefois pu mener quelques expériences. A titre personnel, je n’ai toujours pas réussi à lancer une partie en classé, sans doute car je ne suis pas assez patient. Après que le matchmaking m’affiche qu’il cherche en vain depuis plus de 6 minutes, je préfère annuler. Sur les parties classiques, il ne suffit généralement que de quelques instants pour trouver 9 autres joueurs, suivant le moment choisi. En soirée, ça fonctionne assez bien. En fin de matinée, le week-end, j’ai à nouveau lâché l’affaire après 5 minutes d’attente.
C’est dommage car, comme nous l’écrivions en septembre dernier dans notre test de LawBreakers, il s’agit d’un très bon FPS compétitif. Il est certes élitiste —un peu moins avec les récentes mises à jour — et sa direction artistique n’est pas des plus attirantes, mais il propose une excellente expérience. Du moins quand on trouve des gens avec qui jouer. On a beau être sous le charme de LawBreakers, il nous est hélas impossible de le recommander à l’heure actuelle. C’est un jeu uniquement en ligne; il n’y a pas de bots contre lesquels s’entrainer. S’il n’y a personne, on ne peut pas jouer.
Dans les colonnes de GamesIndustry, Arjan Brusse, co-fondateur de BossKey, se veut honnête et indique toujours chercher comment augmenter cette base de joueur. Il y a par exemple l’arrivée de nouveaux contenus et des compétitions l’eSport. Cela permettra d’offrir à LawBreakers une plus grande visibilité. Ce genre de tournoi demanderait néanmoins de faire de gros investissements —comprendre un gros cash-prize— et on note que ce titre a reçu de nombreuses mises à jour gratuites depuis sa sortie. Le gameplay a été équilibré et de nouvelles maps ont été ajoutées. Visiblement, cela n’a pas suffi, à l’image des diverses promotions.
En l’état, on voit mal ce qui pourrait sauver LawBreakers à l’heure actuelle. Il est dans une spirale négative et seule une décision forte semble pouvoir le sauver. Bien sûr, il serait très prétentieux de dire que nous avons la solution, celle capable de propulser LawBreakers au sommet. Mais dans tous les cas, il faut faire quelque chose, et vite. Faire passer ce jeu en Free-To-Play lui permettrait de rebondir. La base de joueur pourrait ainsi grossir rapidement. Le matchmaking serait alors plus efficace. Et LawBreakers pourrait pleinement exprimer son potentiel.
En passant Free-To-Play, LawBreakers aurait aussi pour mission de trouver de nouvelles ressources financières. On voit mal pourquoi il ne continuerait pas sur sa lancée avec une multiplication de skins et autres objets de personnalisation. Ces derniers pourraient être achetés directement ou bien acquis à travers ces loot-boxes, appréciées dans certains jeux, détestées dans d’autres. Il en va de même pour les différents personnages qui pourraient être à débloquer au fur et mesure, comme on a l’habitude de le voir dans les F2P.
On peut toutefois se demander si BossKey peut se permettre de tout chambouler pour (déjà) offrir une seconde vie à LawBreakers. Le studio américain n’a pas des fonds illimités et doit penser à l’avenir. Peut-être que cela signifie passer à autre chose et laisser LawBreakers sur le bas-côté. Ce serait dommage car ce FPS mérite mieux que cette mort lente.