dimanche, décembre 22, 2024
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Interview : Rencontre avec l'équipe de Break !

Break !, c’est cette BD que vous avez découverte il y a près d’un mois, grâce à Julientellouck.com. Une œuvre originale mêlant Hip Hop, magie avec un soupçon de shônen, et qui ne passe forcément pas inaperçue. Et ceux qui en parlent le mieux, c’est quand même ceux qui l’ont fait. J’ai donc décidé de partir à la rencontre de l’équipe à l’origine de ce projet unique. Josselin Azorin-Lara, Eric Veschi (les scénaristes), Madd (le dessinateur) et Andry (le coloriste) nous parlent ainsi de la naissance de leur œuvre, de leurs influences et même d’un tout petit bout du tome 2. Un échange dans la bonne humeur avec une sacrée bande de potes !

Pouvez-vous commencer par nous parler des débuts de Break ! Et de son origine ?

Josselin : Pour parler plus simplement du projet, c’est parti d’une idée simple. On discutait avec Eric et on s’est juste dit « Tiens, ce serait marrant une série avec des mecs qui font de la danse Hip Hop, et qui feraient des battles avec des pouvoirs magiques« . C’est ensuite devenu un vrai projet de série animée qui n’a malheureusement jamais vu le jour. Donc on est parti sur la BD parce qu’on voulait vraiment raconter une histoire avec ce concept et c’est comme ça qu’on en est venu à former cette équipe. On a remis tous les compteurs à zéro, on refait l’histoire, changé les personnages et créé un nouveau contexte.

Pourquoi avoir choisi la danse pour faire la promotion de la culture Hip Hop ?

Parce que visuellement, et même dans les mots, les battles de danse se prêtent plus facilement au jeu. Il suffit de peu pour imaginer que tel mouvement de danse se réfère à une technique de combat, à une école précise. On est parti de cette idée pour ensuite l’élargir à d’autres facettes de la culture Hip Hop. L’idée de cette BD d’aventures, c’est de parler à Monsieur Tout-le-monde de ce qu’est la culture Hip Hop, et de la sortir des clichés qu’on entend partout. On veut piquer l’attention des gens sur ça, en plus de leur raconter en même temps un vrai récit d’aventure.

Et cette dose de fantastique, c’était vraiment utile pour promouvoir cette culture ?

Eric : Quelque part, c’est un peu pour émerveiller le lecteur un peu plus jeune, puisqu’on essaie de s’ouvrir au plus grand nombre. Et puis personnellement j’adore la science-fiction, et les pouvoirs etc. Mais on voulait surtout toucher le public le plus large, pour que ceux qui ne s’intéressent pas au Hip Hop, se disent « Tiens, il y a de la magie, ça a l’air sympa« . Et ainsi les intéresser à une culture qu’ils ne connaissent pas. Si notre héroïne est une fille et qu’elle ne connaît pas trop le Hip Hop, ce n’est pas pour rien. Souvent les filles dans les cités ont un caractère bien trempé, parce qu’elles ont une vie qui parfois peut être un peu plus dure que dans d’autres quartiers. On voulait un personnage attachant qui montre aussi que dans le Hip Hop, il y a des filles qui dansent. Et puis à travers ses yeux, montrer cette culture qu’elle va appréhender au fur et à mesure des albums. Elle arrive dans un monde qu’elle ne connaît pas et comme le lecteur, elle va apprendre à connaître ce monde dans lequel elle évolue, abattre les clichés qu’elle-même peut avoir pour découvrir les fondements de la culture Hip Hop : le respect, l’aide de l’autre, etc.

Josselin : S’il y a des pouvoirs, c’est aussi parce qu’on en a mangé pendant des années en tant que geeks ou otakus. C’est un kif, quoi. Des mecs qui font une figure de break et qui éventrent un immeuble avec la force de leurs pieds, ça met clairement un peu de piquant…

Andry : Et au-delà de ça, c’est qu’en plus d’en manger nous, tout le monde en mange un peu en ce moment. On est dans une nouvelle génération, dans laquelle de nombreux pseudos dans le monde la danse sont tirés de Naruto, One Piece, Bleach, etc. Tout le monde commence à être habitué à cet univers. Donc au-delà de la culture Hip Hop qu’on va promouvoir, et pour pouvoir faire entrer un discours du type « tout le monde peut y avoir accès« , on va passer par ce que tout le monde accepte en ce moment, et le côté shônen ça marche plutôt pas mal. Mais il n’y a pas que ça, sinon ça deviendra rapidement un cliché.

Eric : Personnellement, rien que la danse, je trouve ça magique, à la base. Chaque mouvement, chaque technique l’est. C’est de là que c’est venue l’idée d’y apporter des effets. Entre les saccades et toutes les ondulations, etc. J’arrive facilement à me dire que le mouvement peut continuer au-delà du corps pour naître ailleurs.

Madd, n’avais-tu pas peur de mal retranscrire les mouvements de danse dans cette BD qui finalement reste figée dans le papier ?

Madd : Si, forcément. C’est un doute de tous les instants. C’est vrai que je passe beaucoup de temps sur mes planches et je n’ai pas le recul nécessaire pour voir si j’ai vraiment bien réussi à retranscrire ce que je voulais ou pas. Ce sont plutôt les autres qui vont me le dire. Par exemple, pour la sortie de cet album, j’ai vraiment attendu le retour des gens pour qu’ils me disent si ce que j’ai fait est lisible, si la représentation des mouvements est fluide, etc. J’essaie de l’être au maximum, mais pour moi, je ne le serai jamais assez. Je bosse beaucoup dessus en tout cas…

Comment travailles-tu ?

Tout dépend de la planche que je vais représenter. Si c’est une page « normale » avec juste des dialogues, je vais travailler avec un story-board classique, en plaçant les cases selon les mouvements, etc. Par contre, quand c’est de la danse, je vais essayer de penser autrement, en donnant d’autres directions à la page, en m’inspirant de vidéos des mouvements que vont vouloir les scénaristes. Je vais juste chercher le moyen le plus simple de le représenter.

A quel point le « vrai » Break vous a-t-il inspiré ?

Eric : En général, lorsqu’on écrit on a toujours un Youtube allumé à côté. Et je balance énormément de vidéos. Si j’ai des idées de mouvements qui me plaisent, j’envoie le lien à Josselin et à Madd, et Madd va interpréter ce mouvement. On ne pratique pas la danse, on est donc obligé de voir énormément de vidéos. Rien que pour imaginer quel sort magique on pourra créer à partir de tel mouvement. Il y a donc un vrai travail de visionnage.

Et quelles sont vos inspirations pour le côté un peu fantaisiste ?

Eric : Comme Josselin, j’ai suivi un peu les Naruto, etc. Mais même bien avant d’avoir eu cette idée de mélanger magie et Hip Hop, pour moi le côté shônen, c’était déjà l’évidence même. Et dans l’imaginaire d’un gamin et d’un ado travaille. Donc à partir de là, si l’imaginaire travaille, automatiquement on est relié à des choses qui n’existent pas vraiment, mais qu’on espère être possibles.

Josselin : J’ai une lecture régulière des shônen. Je suis un peu resté un grand gamin, donc j’aime bien les séries comme One Piece, Naruto, Fairy Tail… Notre histoire est un peu moins folle que dans ces exemples, mais c’est le genre de trucs que j’aime bien. Et puis pour nous, c’était évident… En fait, quand on parle de Hip Hop et de magie, les gens trouvent ça tellement improbable que ça nous donne envie de le faire. Pour nous, un récit d’aventures Hip Hop / Magie ça tombait sous le sens. Et puis on s’amuse bien à raconter cette histoire, pour l’instant.

Et toi, Madd, peux-tu nous parler de tes influences graphiques, côté dessin ?

Madd : Il y a Katsuhiro Otomo pour commencer, pour moi c’est une grosse influence. Il y a aussi les dessinateurs de Lucha Libre, Bill Otomo, Fabien M. et Gobi. Après je m’intéresse aussi beaucoup à des graffeurs genre Mode 2 et Bom K, et puis d’autres dont j’ai pas forcément les noms. Sinon, après il y a beaucoup de ce que j’ai vu quand j’étais gamin les trucs d’Akira Toriyama, Dragon Ball, Docteur Slump. Aujourd’hui, c ‘est plutôt Naruto. Je ne me suis pas encore mis à One Piece, mais ça ne devrait pas tarder.

Eric : En général, on aime aussi beaucoup les Naoki Urasawa, 20th Century Boys, Monster et évidemment Hayao Miyazaki.


C’est vrai que j’ai vu quelques commentaires dans lesquels on disait que Break ! rappelait un peu Akira, notamment la base de la Section Seven…

Madd : C’est vrai que la référence est assez marquée. C’est clair que quand on était gamin, on a tous été retournés par le film, on n’avait jamais vu ça auparavant. Je pense que ce film a bien marqué sa génération.

Josselin : Pour en revenir aux influences, on a aussi beaucoup de lectures aussi en BD et pas que du shônen. Monster, 20th Century Boys, comme disait Eric et Eden, un truc un peu moins connu. Ce sont un peu nos références en termes de découpage de l’histoire. Et en travaillant avec Eric, j’essaie d’apporter des découpages qui laissent penser que c’est un gros bordel, mais qu’au final il y a quand même un fil conducteur. C’est ce qu’on a envie de faire, en tout cas. Et je suis pas mal sous influence de séries télé. Les séries qui font que tu es scotché à ton canapé : LOST, True Blood, tous les trucs du moment… Dernièrement, d’ailleurs, j’ai vu une série qui m’a épaté, à des années lumières de ce à quoi je pouvais m’intéresser, c’est Sons of Anarchy. Tu vois le truc et tu te dis « qu’est-ce que je vais aller regarder une série sur des bikers ? » et le truc est mortel finalement…

Combien de tomes sont prévus pour Break ! ?

Josselin : Pour l’instant, on a prévu de faire quatre tomes. Contractuellement parlant. Et on verra après. On a pensé à une histoire qui irait sur quatre tomes, qui aura une fin, qu’on a déjà en tête, mais avec des portes ouvertes. Si la série marche et qu’on est suivi par des lecteurs réguliers, on aimerait bien faire des spin-off. Parce qu’on a un peu cette culture-là, à la fois américaine et japonaise. Peut-être sur un ou deux tomes, faire un zoom sur un personnage ou un groupe de personnages. Comme un spin-off sur la Section Seven, ses origines, tout ça. Peut-être s’intéresser à un des agents en particulier parce qu’on a plein de choses à raconter sur eux.

Eric : On a aussi beaucoup travaillé sur ce qui se passe « entre les cases ». C’est-à-dire « qu’est-ce qui s’est passé pendant à cette période là, pendant qu’eux deux faisaient telle chose ?« . Pour que les albums puissent se croiser, comme tout spin-off qui se respecte, à moment donné. Tout en ayant une vie indépendante. Pour que le monde de Break ! soit tangible.

Qu’est ce qu’on peut attendre de Break ! à l’avenir ? Sans spoiler !

Josselin : Sans spoiler ? Dans le tome 2 qui s’appelle Section Seven, on va parler… de la Section Seven. (rires). Plus sérieusement, on va s’intéresser un peu plus profondément ce qu’est la danse magique et aux différentes écoles. Et on verra qu’il ne s’agit pas uniquement de danse magique, mais de battles magiques. Qu’il y a plusieurs facettes. Il y a la danse, mais pas que ça. Comme dans le Hip Hop… Et si je peux spoiler un peu, on va voir la chambre de Joric ! Sa chambre ! Et ça c’est du spoil !

Eric : On espère aussi que la BD trouveras son public. Le plus large possible. Et que nos lecteurs fassent le buzz, et qu’au final on puisse l’adapter en dessin animé. C’est un peu notre but ultime.

Josselin : Et notre kif, ce serait une série chez HBO. Donc chers producteurs de chez HBO, ou je sais pas, Tony Parker, si tu lis ces lignes, et qu’on a l’occasion de se croiser un jour… (rires)

Eric : Et la maison « France  » aussi : France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô sont également les bienvenues !

Merci !


Break ! – Tome 1 : Premier Battle
Disponible aux éditions 12Bis.

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