Quand on évoque la série des Far Cry, on pense bien souvent au 3 et au 4, voire même à Primal, car il s’agit des épisodes les plus récents. D’ici quelques jours, beaucoup associeront ce FPS à Far Cry 5, tout juste disponible. Et au final, il y en a un que l’on oublie à chaque fois: Far Cry 2, un jeu mal-aimé qui avait pourtant de nombreux points forts.
S’il a édité le tout premier Far Cry, Ubisoft n’est en aucun cas à l’origine de cette série. Le développeur historique est allemand et s’appelle Crytek. Après ce jeu, cette équipe est partie concevoir Crysis pour le compte d’Electronic Arts, emportant au passage son fameux moteur CryEngine. De son côté, Ubisoft a confié les rênes de la série à son studio de Montreal. En 2008 est ainsi sorti Far Cry 2, l’un des épisodes les plus ambitieux de la série mais aussi très différent de la formule actuelle. Il n’y avait pas cette recherche du plaisir immédiat, de donner le pouvoir au joueur. Far Cry 2, c’était un jeu qui faisait souffrir.
C’était forcément un sacré pari et c’est sans doute pour cela qu’il n’a pas réussi à s’attirer les faveurs du grand public. Far Cry 2 est l’épisode oublié car le plus difficile. On ne dira pas qu’il s’agissait du meilleur. Il avait pas mal de défauts comme ce système de sauvegarde non-libre —du moins sur consoles—, cette IA parfois trop efficace, ces respawns incessants, une prise en main délicat, ou des missions répétitives. Mais c’était l’épisode du danger. Ou plus précisément, c’est le seul Far Cry où on se sent en danger.
Dans le 3, le 4 et maintenant Far Cry 5, le joueur devient rapidement surpuissant. Il a accès à de nombreuses armes destructrices et les ennemis sont assez peu réactifs. On pourrait grossièrement résumer cela en disant que le joueur est alors une menace pour l’environnement et les adversaires. C’en est presque un super-héros capable de libérer une région entière en flinguant tout ce qui bouge, tout en volant dans les airs grâce à une wingsuit.
Dans Far Cry 2, c’est l’inverse. L’environnement est une menace pour le joueur. Ce dernier est faible, il doit à tout moment luter. Il a la malaria, ses armes peuvent s’enrayer… Cela confère forcément un côté pénible à l’aventure. Essuyer des tirs ennemis et se rendre compte qu’on doit tout interrompre car on est pris d’un violent mal de tête peut être frustrant. On pourrait même dire que ce n’est pas drôle, pas divertissant. Mais une tension se dégageait naturellement du jeu. Il fallait être sûr de soi, vérifier son équipement avant de partir en mission…
Far Cry 2: un jeu de survie en fin de compte
Ce côté réaliste, on le retrouvait aussi au niveau de l’interface. A vrai dire, elle était presque inexistante. Dans Far Cry 2, il n’y avait pas de mini-map qui affichait comme par magie la position des ennemis. Pas de boussole qui dévoilait la direction à prendre. Pas de petit point jaune qui indiquait où se trouve l’objectif. Et la silhouette d’un ennemi n’apparaissait pas à travers un mur. Une nouvelle fois, la tension était à son maximum, au même titre que l’immersion. Pour se déplacer, on devait sortir de sa poche une carte, laquelle révélait les coordonnées du joueur et de l’objectif. Au volant d’un véhicule, on conduisait avec ce bout de papier dans les mains; on osait alors quitter la route du regard pour vérifier qu’on avait pris la bonne direction. Il était également possible de vérifier les panneaux routiers au bord de la route; si un lieu était écrit sur fond rouge, c’est qu’il fallait y aller.
Far Cry 2 était différent. Avec les épisodes suivants, Ubisoft a nettement revu sa copie. L’éditeur français a tout fait pour que ses productions s’adressent à un public plus large. Dix ans plus tard, la série n’a jamais été aussi populaire, preuve finalement qu’Ubisoft a pris la meilleure des décisions. Mais difficile néanmoins d’oublier ce Far Cry 2 qui, malgré des aspects repoussants à première vue, a sans doute su proposer l’expérience la plus profonde.