On veut toujours plus, et notamment des jeux plus beaux. Autrefois, on parlait uniquement de cela lorsque les nouvelles générations de consoles débarquaient. Désormais, ce sujet est aussi évoqué avec les modèles Pro. Mais est-ce vraiment raisonnable ?
L’annonce de la PS5 Pro la semaine dernière a fait grand bruit. C’est notamment lié à son prix : 799€ sans le pied vertical, sans le lecteur de disque. Il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’un modèle haut de gamme destiné à une niche. Le grand public se contentera d’une PS5 classique. Mais d’autres veulent ce qui se fait de mieux, et sont prêts à mettre le prix. Est-ce si étonnant alors que la DualSense Edge est vendue 240€ et que le PlayStation Portal coûte 220€ ?
A titre personnel, j’ai trouvé la présentation bancale. Il y avait beaucoup trop de jeux cross-gen ou de remasters. La PS5 Pro manque aussi d’un sérieux argument. A l’époque de la PS4 Pro, l’accent était mis sur la 4K, ce qui coïncidait avec la démocratisation de ces téléviseurs.
La PS5 Pro offre simplement un confort de jeu supplémentaire. Est-ce que cela vaut 800€? Beaucoup répondront non. Mais lorsque GTA VI sortira, on suppose qu’ils seront nombreux à retourner leur veste afin de jouer dans les meilleures conditions.
Le gap graphique entre les générations est de moins en moins visible
Cette annonce et les débats qui ont suivi m’ont rappelé cette course infinie à la puissance, aux graphismes. De mon côté, je dois admettre que j’aime les jeux qui sont beaux. Dis de manière simpliste, on n’achète pas une TV 4K et une console à 500€ pour des jeux à l’esthétique NES ou SNES. Récemment, Alan Wake 2 m’a impressionné ; The Last Of Us Part 2 a beau être un remaster, c’est une claque ; Resident Evil 4 Remake a quelques passages magnifiques. Et je serais curieux de tester Hellblade 2, sans doute le jeu le plus impressionnant de sa génération.
Au fil du temps, les améliorations visuelles tendent à se remarquer de moins en moins. Oui, c’est plus fin, c’est plus beau, mais il n’y a pas non plus d’immense gap. Prenez par exemple Final Fantasy VII. Dans le Remake, Cloud est constitué de 110 000 polygones ; dans Rebirth, c’est 220 000. Peut-on pour autant dire que le jeu est deux fois plus beau? Non.
Il est aussi important de rappeler que toute une partie du public se fiche des graphismes. Les titres les plus joués chaque mois ont tous un certain âge : Minecraft, Roblox, Rocket League, Counter Strike, Valorant, Rainbow Six Siege… Ils ne sont pas photo-réalistes, mais maitrisent en revanche leur direction artistique. Et c’est peut-être ça le plus important.
On peut aussi prendre l’exemple de la Switch. Beaucoup de jeux piquent les yeux ; pas mal ont l’air daté ; Zelda est loin d’être un foudre de guerre. Et pourtant, ça se vend par millions car il s’agit souvent d’excellents titres qui reposent sur de merveilleuses idées et non des graphismes de haute-volée.
Le cas Nintendo est toutefois à part, notamment parce que ses consoles sont bien moins chères et puissantes que la concurrence. Peut-être faut-il aussi distinguer jeux solo et jeux multi. De manière générale, on peut se poser cette question : qu’est-ce qu’une oeuvre maitrisée ? Certains vous diront que le plus important est l’histoire, d’autres le gameplay. Et puis, il y a cette frange qui préfère la fluidité et l’immersion. Cela a toutefois un sacré coût tant matériel que technologique pour un résultat qui ne saute pas toujours aux yeux.