En janvier 2013, THQ fermait définitivement ses portes et ses actifs étaient alors vendus à Ubisoft, SEGA, Take-Two, Crytek ou encore Koch Media. Dans un long et passionnant article, Polygon est revenu sur ce qui a entrainé la chute de THQ, une entreprise qui, en 2007 valait encore 2 milliards de dollars.
THQ a connu un grand succès dans les années 2000 grâce à ses jeux à licence mais la société américaine n’oubliait jamais de mentionner dans ses rapports financiers annuels qu’elle ne pouvait se permettre de parier sur les mauvaises marques ou passer à côté d’une IP populaire. Pour éviter ce genre de mésaventure, THQ a noué des liens forts avec Mattel, Pixar, Disney, ou Nickelodeon. Une décision plutôt logique qui s’est finalement avérée être un vrai poison pour l’éditeur.
Au milieu des années 2000, alors que ses jeux PS2 et Xbox connaissent un franc succès, THQ va commettre un sérieuse erreur et connaître un sérieux revers. En 2006, la boîte américaine parie ainsi trop tôt sur la PlayStation 3 et la Xbox 360 alors que sa cible est restée sur la précédente génération de console. Mais c’est surtout un an plus tard que ses affaires vont flancher avec l’arrivée sur le marché de l’iPhone et des smartphones de manière plus générale. Les coûts de développement sont particulièrement peu élevés et le prix des jeux/applications tourne autour des 99 centimes sur ce support. Difficile de lutter dans ces conditions.
Les ventes de jeux à licence dégringolent mais THQ persiste quand même dans cette voie tout simplement car il y est contraint. Les accords de long terme passés avec Pixar ou Nickelodeon contraignent THQ à dépenser chaque année des sommes folles en terme de royalties. Mais il y a pire : des obligations contractuelles imposent à THQ de développer un certain nombre de jeux par an. L’éditeur américain se retrouve donc à confectionner des jeux alors qu’il sait très bien que ceux-ci ne se vendront pas. THQ creuse sa propre tombe.
Alors que la branche KFC (pour Kids, Family et Casual) peine à sortir la tête de l’eau, les dirigeants de THQ optent pour la voie des jeux AAA et écartent l’idée de se lancer dans le jeu mobile, ce qui aurait alors demandé une trop grande restructuration interne. L’aile KFC continue cependant toujours d’exister et espère bien un rebond, ce qui n’arrivera jamais. Du côté des jeux hardcore-gamer, Danny Bilson est recruté afin de mener à bien cet ambitieux projet. Mais le fait est que THQ ne connait pas vraiment cet univers, lui qui a l’habitude de dépenser 9 à 12 millions de dollars dans le développement et le marketing d’un jeu alors que la concurrence n’hésite pas à allouer un budget deux fois plus important rien que pour la production d’un titre. THQ n’ose pas non plus reporter ses jeux de quelques semaines —souvenez-vous d’Homefront— ou bien se lance dans un MMO Warhammer alors qu’il n’a aucune expérience dans ce domaine. Un projet extrêmement coûteux et finalement annulé. Enfin, difficile de ne pas revenir sur l’échec uDraw : après un joli succès sur Wii, THQ a lancé sa tablette magique sur PS3 et Xbox 360 sans pour autant lui offrir des jeux en adéquation avec ce nouveau marché. Lors d’un meeting, un employé aurait même demandé s’il n’y avait pas une erreur sur le chiffre de vente des versions PS3-360 tant celui-ci était faible.
Après la fermeture de la division casual, THQ se lance définitivement dans la production de jeux AAA et beaucoup estiment que si la société américaine avait pu subsister jusqu’au lancement de la PS4 et Xbox One, les choses seraient alors allées beaucoup mieux grâce à des titres comme Homefront 2, Evolve ou 1666. Malheureusement, alors que tout semblait être fait pour un retour sur le devant de la scène grâce Jason Rubin venu prêter main forte, la justice américaine estima que le rachat de THQ par Clearlake n’était pas valable, la vente de la compagnie ayant manqué de visibilité. Fin de partie pour THQ après plus de 20 ans d’existence.
A lire également :
- The Fall Of THQ par Polygon
- THQ : la banqueroute pour un nouveau départ
- THQ : le point sur les rachats